LE TEMPS DE L'ATTENTE
Marcher dans une petite rue indienne, loin de la frénésie des grandes artères, en ne regardant que face à soi, c’est passer à côté de l’essentiel : pour jouer sur les mots, ce qui se passe sur le côté où il ne se passe rien. Un des visages de l’Inde est celui d’un peuple d’ « inactifs » : quelle que soit la ville dans laquelle on erre au gré de sa curiosité, on découvre nombre d’individus debout, assis, allongés au bord des voies, sur les pas de portes, sur le seuil des devantures de boutiques, bien disposés dans l’expectative de l’événement – mais lequel ? Une connaissance qui saluera et s’arrêtera pour une discussion ? Un client qui daignera acheter quelque produit ? Ainsi, si l’Inde offre l’image d’un pays agité d’une vie riche, elle offre aussi la face opposée d’un monde où chacun semble avoir si peu à faire qu’il ne reste plus qu’à attendre :