Le travail photographique de Sylvain Lagarde a cette particularité d’être assez protéiforme et de dépasser les clivages génériques : de la traditionnelle photographie dite humaniste et photographie plus conceptuelle tendant à l'abstraction, en passant par la photographie de paysage, il s’empare des genres pour tenter de trouver un regard incident sur les choses et les hommes ; ce dont il s'agit dans l'image, c'est ainsi, par le détour du cadrage, de la composition et des jeux avec la lumière, et au delà des sujets photographiés, de donner l’occasion au réel de laisser filtrer sa part de mystère, et à chacun l’opportunité d’écouter ces paroles implicites pour tenter d’interpréter, à travers le prisme, visuel le monde.
Il lui est dès lors possible de faire sienne l’assertion poétique de Cocteau énonçant son désir de saisir la surréalité : « Accidents du mystère et fautes de calculs / Célestes, j'ai profité d'eux, je l'avoue. / Toute ma poésie est là : / Je décalque L'invisible (invisible à vous). […] J'ai donné le contour à des charmes informes ».